dimanche 11 avril 2010

L'oiseau Kuni et le lac Noir

La sècheresse durait depuis des mois, les hommes et les bêtes souffraient. La famine et la maladie menaçaient. Une nuit, un chnion, sorte de lion des montagnes, descendit dans les rues du village. Un enfant qui ne dormait pas à cause de la faim l'entendit grogner et l'aperçut à travers les fentes d'un volet. Il réveilla son père qui donna l'alerte: « ne sortez pas, un chnion rode dehors! » L'avertissement circula rapidement de maison en maison et chacun vérifia que sa porte était bien fermée. Après avoir erré en vain parmi les maisons, le chnion furieux s'attaqua à une porte. La maison était habitée par une femme seule et ses enfants qui se mirent à hurler. Les hommes du village s'armèrent de bâtons et d'outils et sortirent de leurs maisons pour s'attaquer au chnion. Celui-ci, acculé, se retourna contre eux mais les villageois le tuèrent. Ils voulurent le dépecer mais, lorsqu'ils ouvrirent son ventre, il en sortit un magnifique oiseau aux plumes multicolores qui poussa un cri perçant, « haani » et s'envola sous les yeux stupéfaits des villageois. Un vieux reconnut l'oiseau Kuni, un oiseau très rare et doué de pouvoirs mystérieux.

 

Le lendemain à l'aube, les habitants du village furent réveillés par un retentissant « haani! ». Ils sortirent et virent l'oiseau blanc perché sur un arbre. L'oiseau cria à nouveau, s'envola, revint, cria à nouveau. A chaque nouveau passage de l'oiseau, les villageois se sentaient attirés de plus en plus fort. Finalement, au milieu de la matinée, ils se retrouvèrent tous sur la place du village, un baluchon sur l'épaule, prêts à suivre l'oiseau. Ils abandonnèrent leur village. L'oiseau Kuni voletait au-dessus de leurs têtes. Ils avancèrent des jours et des jours, ils furent souvent tentés de renoncer mais l'oiseau était là pour les encourager. Pour tenir, ils inventèrent une chanson qu'ils chantaient en marchant, « Haani Kuni ».

 

Et puis, un jour, ils arrivèrent au bord d'un lac asséché. Alors qu'ils contemplaient la vaste étendue creuse et noire, l'oiseau Kuni s'envola très haut dans le ciel et poussa un grand « haani! » Une plume toute bleue tomba doucement et dès qu'elle toucha le sol, une source abondante se mit à jaillir. Les villageois étaient stupéfaits.

L'oiseau s'envola à nouveau et poussa un deuxième cri et une deuxième plume, verte celle-là, tomba au sol. Aussitôt, de beaux légumes de toutes sortes sortirent du sol aride.

L'oiseau s'envola pour la troisième fois et cria une troisième fois. Et une troisième fois, une plume, jaune, tomba sur un arbre mort. Les feuilles de l'arbre et celles des arbres voisins poussèrent à nouveau et de beaux fruits firent leur apparition.

 

L'oiseau tournoya dans le ciel sous les vivats des hommes, des femmes, des enfants, puis il disparut.

 

Un village fut rebâti au bord du lac qui avait retrouvé son eau en quelques jours, on peignit l'oiseau sur chaque maison et un artiste réalisa sa statue qui est constamment fleurie par les hommes reconnaissants. Chaque année, on rend hommage à l'oiseau Kuni au bord du lac Noir et lorsque des Burkistanais trouve une nouvelle source, une eau limpide, ils procèdent également à une cérémonie.

 

 

 

 

1 commentaire:


  1. Dommage qu'il n'y ait pas de photos de ces cérémonies ... Quant au "chnion" c'est une espèce aujourd'hui disparue fort heureusement


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